Cette table ronde a réuni plus de 80 personnes autour des très nombreuses problématiques posées par l’arrivée régulière sur le territoire de Saint Etienne, et de la Métropole, de personnes et familles en situation d’exil. Il s’agit principalement de personnes étrangères en attente de titre de séjour, d’une régularisation et, phénomène nouveau, de demandeurs d’asile de plus en plus souvent sans le moindre hébergement au mépris du droit d’asile.
Les représentants de plusieurs collectifs ont pu identifier, avec les participants, les principaux besoins rencontrés par ces populations trop faiblement soutenues par les pouvoirs publics malgré leur extrême vulnérabilité.
Tous les acteurs associatifs impliqués dans l’aide aux personnes exilées constatent (sans que cela soit exhaustif) :
- La disproportion des moyens publics disponibilisés au regard des besoins fondamentaux non pourvus de ces populations, ce qui est souvent constitutif d’une atteinte à leurs droits fondamentaux ;
- L’incroyable engagement d’une société civile ligérienne (associations et collectifs) qui parvient, mais avec beaucoup de difficultés, à compenser la faiblesse de l’engagement de l’État et des collectivités locales, en accueillant, hébergeant et accompagnant (socialement ; administrativement ; humainement) des centaines de personnes « à la rue » ;
- Le refus assumé de l’actuelle municipalité stéphanoise[1] de s’engager dans une politique d’aide directe aux personnes exilées sans hébergement, ou d’aide indirecte à travers un soutien aux associations dédiées à ces populations (les difficultés rencontrées pour obtenir du CCAS une domiciliation sur Saint-Etienne est une illustration majeure de cette situation) ;
- La dégradation de la communication entre les associations et collectifs très engagés dans l’aide directe aux migrants et les pouvoirs publics (Préfecture ; ville de Saint-Etienne).
L’ensemble des participants, au cours d’un débat très riche en propositions, s’est attaché à recenser quelques-unes des actions prioritaires qu’une municipalité devrait conduire.
On retiendra plus particulièrement :
- Affirmer un engagement politique ferme dans la lutte contre la précarité́ et contre toutes les formes d’exclusion, y compris en faveur des personnes migrantes en situation de grande fragilité́ : toute personne sur notre sol doit pouvoir bénéficier de notre fraternité́ active et les faiblesses et dysfonctionnements des agences de l’État ne peuvent justifier l’inaction de la municipalité.
- Affirmer son attachement au respect et à la mise en oeuvre du droit (national et international) qui pose un grand nombre de principes fondamentaux au bénéfice de ces populations mais qui ne sont pas systématiquement respectés par l’État (DDCS ; OFII ; etc.) : plus spécifiquement en matière de domiciliation, d’hébergement d’urgence (en principe « inconditionnel ») avec le renforcement des centres d’accueil de jour et de l’asile de nuit et d’accès aux droits fondamentaux (santé ; éducation ; culture).
- Garantir une pleine mobilisation des services publics locaux, au premier rang desquels le Centre communal d’action sociale (CCAS), pour répondre aux urgences et appuyer la société civile engagée dans ce secteur.
- Mettre en place au sein de la mairie un dispositif garantissant un dialogue de qualité et efficace avec les services de l’État, les associations et collectifs et les autres communes de la Métropole, afin de pouvoir garantir un accueil humain et respectueux des droits de tous aux personnes et familles exilées.
[1] Tous les participants ont tenu à saluer le courage de la municipalité de la Talaudière dans la fourniture, même dans des conditions précaires, d’un hébergement collectif d’urgence à des dizaines de familles, dont une majorité de demandeurs d’asile non hébergés.
Eva MARONI, Yves SCANU – Collectif des occupants de la Bourse
Jacques LAFORGUE – Collectif pour que personne ne dorme à la rue
Dominique ROCHETTE – Solidarité Roms
Ce petit compte rendu est fidèle, aux propos tenus lors de cette table ronde il me semble toutefois important d’ajouter certains points non retransmis:
La possibilité de réquisition par le maire de battlements ce qui à Saint-Etienne ne pose aucun problème vu le nombre de logements vacants.
La nécessaire volonté politique des municipalités pour que personne ne se retrouve sans abri avec notamment la possibilité de rejoindre l’association nationale des villes et territoires accueillants. (https://villes-territoires-accueillants.fr/)
L’existence de crédits nationaux pour aider les collectivités locales à résorber squats et bidonvilles.
Il est tout à l’honneur de Saint-Etienne Demain d’avoir ouvert le débat sur ce sujet que l’on dira sensible, espérons que dans le programme nous trouverons des réponses à la hauteur, pour résorber définitivement, squats et bidonvilles.
Cher Yves,
Merci encore une fois de ta participation à la table ronde et de ton commentaire.
Notre compte rendu n’avait pas vocation à être totalement exhaustif et tu as raison de mentionner ces 3 autres points qui ont été évoqués lors de la rencontre. Chacun d’eux est essentiel, mais je tiens encore une fois à souligner la volonté politique de notre liste d’apporter concrètement toute l’aide nécessaire d’une part, aux personnes sans hébergement, quelle que soit leur situation administrative, et d’autre part, à la société civile qui, dans notre département et à Saint-Etienne, s’engage chaque jour un peu plus avec cette même volonté.
Sur cette problématique, comme sur d’autres questions que notre programme abordera, nous avons également pour objectif de doter la ville d’un dispositif d’identification et de mobilisation de nouvelles recettes/financements “extérieurs” type subventions européennes ou dotations privées (fondations).
Bien à toi,
Jean-Charles, pour le Comité de campagne.